René Barbier, 9/11/2015
À tous les innocents
Long fleuve de sang
De mains entremêlées
Millions de corps
Vagues sans voix
Au-dessus du silence
Au milieu des injures
Élan vers le rien encerclé par la peur
Grappes humaines détachées du plus clair
Tous nos êtres aimés tous les êtres d’ailleurs
Barques de chair sans voile ni corsaire
Pantins recroquevillés dans leur ombre liquide
Visages défigurés par l’impossible
Femmes enfants vieillards unis dans un seul cri
Ô nuit du cœur
Abîme dans l’innocence
Broussailles de la haine
Crevasses dans la présence
Je vous vois disparaître par pelletées entières
Dans les rondeurs du ciel
Je suis en vous
Vous êtes en moi
Jusqu’à la fin des temps
Dans mes secondes en feu
Dans mon espoir en friche
Je roule dans vos secousses
Vos tourbillons m’aspirent
Je connais vos mémoires
Je suis dans vos sillons
Je chante dans votre gorge
Je dis oui à la vie
Pour surprendre la naissance
Graine dans l’éphémère
Foudroyante éclaircie
Je ne sais si mystère
A plus haute futaie
Vous êtes mes frères d’âme
En partance vers l’infime
Jamais nous ne saurons
Où va le mal sur notre terre
Que veut le vent qui s’enfonce dans la mer
Et bouscule l’horizon