Prométhée

René Barbier, 16/06/2017

La pluie devient miracle

Le soleil fruit détaché

L’oiseau s’enlise dans les arpèges

Le pêcheur ne sait que dire

Le poisson s’envole dans la lumière

Jusqu’où irai-je dans le printemps

Que ferai-je avec mes mains minuscules

Je regarde au loin pour trouver le cœur

Je contemple le cœur pour cerner le rien

Inutile de venir et me dire viens

Je reste dans l’immobilité des choses

La rose même s’improvise feu ardent

Le monde descend jusqu’à mes dents

Je m’allonge dans le lit du plaisir

Je fais chauffer le plat du jour

Je ne sais si l’exquise beauté

Sort du noir le plus rude ou de l’été

Je voudrais tant savoir où va

Le sens quand il vacille et s’éparpille

Tout le monde me dit bonjour

Mais qui connait ma contrée royale

Il ne suffit pas de vivre

Pour cheminer vers l’autre lieu

Il faut enfourner l’absurde

Ravager le tendre espoir

Je siffle ma dernière symphonie

Toutes mes nuits délivrent mes hirondelles

Je ferme les yeux pour ne plus rien savoir

Toute ma vision s’entortille d’horizons

J’irai voir derrière l’emphase

Où la glace est une carcasse

J’écrirai le nom souterrain

Je ferai feu sur l’ange bleu

J’attendrai debout sur le mot fin

Les bras élargis en vagues légères

Une musique profonde comme une roche

M’envahira du fond des âges

Je laisserai mon rire en partage

Mes poèmes en ricochet

Le big-bang ne fut jamais

Rien d’autre qu’un souvenir obscur