Interview de René Barbier par Jean-Louis Le Grand en 1995, sur les orientations des sciences de l’éducation à l’université de Paris 8 Saint-Denis

Paru dans la revue Pratiques de Formation/Analyses n°29/30, 1995,

transcription de Christophe Forgeot

Jean-Louis Le Grand : René, j’aimerais que tu nous dresses une sorte de panorama de ta situation dans le département pour répondre à cette question : y a-t-il une École vincennoise des sciences de l’éducation ? en situant l’entretien en trois temps. Un premier temps, celui de la sociologie, de la psychosociologie dans les années 1970 ; un temps, des années 1980, basé sur l’imaginaire et l’approche transversale ; puis un temps plus actuel, depuis les années 1990, et d’envisager les orientations que tu vois. Toujours en se situant par rapport à la recherche en sciences de l’éducation ou recherche en éducation. Je pense que le mieux serait de commencer d’un point de vue chronologique, de te situer dans ta double appartenance, à la fois de poète, de sociologue du travail qui débarque ici comme étudiant… bref, de commencer par le départ.

René Barbier : Si je devais commencer, il faudrait que je remonte bien plus loin parce qu’en fait mon attachement à l’éducation remonte pratiquement à mon enfance. Peut-être à travers aussi un désir maternel qui s’exprimait dans ma famille par une sorte d’imaginaire de l’éducateur, de l’instituteur. C’était une famille ouvrière classique… mais je n’ai pas le temps de remonter à cette époque, donc je vais me situer dans la période où je vais entrer à l’université. A ce moment, j’ai fait du droit et de l’économie politique. Je me suis bien formé en sciences sociales du travail, je suis alors en thèse de sociologie du travail avec Jean-Daniel Reynaud. Je prépare une thèse sur la relation d’aide de l’assistante sociale et je suis nommé assistant en 69-70 à l’université de Paris-XIII, à l’IUT de Saint-Denis en sociologie économique. Je suis nommé assistant classique, c’est-à-dire assistant d’un professeur qui s’appelle Jean Bancal, professeur de sciences économiques, qui m’a fait venir. Je débute dans l’enseignement supérieur sans avoir une formation pédagogique, comme d’ailleurs la plupart d’entre nous, mais j’ai une formation parce que pendant toutes mes études supérieures, j’ai exercé la fonction de surveillant d’externat, comme on disait à l’époque. Je me suis forgé au contact des élèves, dans une position complètement subalterne et j’ai pu en quelque sorte évaluer le sens de la pédagogie dans ces lycées. Cela m’a servi énormément dans ma pratique d’enseignant parce que je crois que si l’on réussit à avoir, en tant que surveillant d’externat, des contacts avec les élèves, des contacts réels, de soutien, d’aide et en même temps des relations adultes, je pense que cela peut servir ensuite en tant que professeur. C’est un excellent apprentissage.

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