par Christian Verrier (2003)
Europe et enseignement supérieur?
Le sentiment d’appartenance à un ensemble européen dans l’enseignement supérieur serait-il à l’aube d’un réveil après un long assoupissement ? Un grand quotidien français (Le Monde) annonçait en mai 2001 que l’Europe des étudiants était en marche, et qu’elle venait de recevoir de la part des ministres de l’enseignement supérieur de 32 pays réunis à Prague une très sérieuse impulsion. L’objectif est que d’ici à 2010 se définisse et se réalise un espace universitaire européen, suivant l’idée lancée en 1998 à la Sorbonne par Claude Allègre, ministre français de l’Education nationale, et ses homologues allemands, italiens et britanniques. L’année suivante, Bologne voyait le rassemblement de 29 pays se sentant concernés par l’objectif de permettre à tous les étudiants d’Europe d’effectuer à l’étranger tout ou partie de leurs études supérieures. Une harmonisation des cursus s’avère indispensable, consistant à réorganiser les études selon trois niveaux (licence ou bachelor de niveau bac + 3 ; le mastaire ou master de niveau bac + 5 ; le doctorat de niveau bac + 8), avec accompagnement de modules sanctionnés par des “ crédits ” (ECTS), sorte de monnaie européenne universitaire commune. Traversant toute l’Europe, ce chantier est censé bouleverser des traditions parfois séculaires. Sur 3.000 établissements supérieurs en Europe, seulement 200 aujourd’hui utilisent cette “ monnaie universitaire ”, mais la France par exemple devrait en voir la généralisation dans quelques années. Naturellement, des obstacles devront être franchis, car dans l’état actuel des choses, comment rendre équivalent un enseignement comme celui d’Oxford ou de Heidelberg à celui d’une université de rayonnement local moins prestigieuse? Il semblerait pour l’instant que l’on s’engage vers des “reconnaissances” mutuelles, des échanges se sont déjà développés entre grandes écoles françaises et de nombreuses universités européennes, des diplômes communs ont été créés ici et là. Toutefois les programmes d’échanges en vigueur, Erasmus ou Socrates, ne profitent en France qu’à seulement 17.000 étudiants sur près de deux millions. Du chemin reste à parcourir, et il est recommandé que les gouvernements, les universités, les associations d’étudiants, les instances de l’Union européenne, tendent vers le même objectif, l’ “ Europe des étudiants ”.
Il se peut que ce début de XXIe siècle soit plus ou moins consciemment à la recherche d’un passé universitaire lointain, qui vit se dessiner une sorte de sentiment d’appartenance à un ensemble correspondant à ce que nous appelons actuellement l’Europe, même si cela eut lieu jadis sous des auspices politiques, économiques, religieux, nationaux, philosophiques, intellectuels et universitaires très différents de ce qu’ils sont aujourd’hui.
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