Dimanche 16 novembre 2008, par René Barbier
La journée d’hommage à Georges Lapassade qui s’est déroulée à l’université de Paris 8 le jeudi 13 novembre 2008 a été un succès. Plus de deux cents personnes ont participé à cette rencontre. De nombreux professeurs et intellectuels ont profilé l’existence de Georges Lapassade, faite d’identités multiples.
Un jeune slameur, membre de la communauté universitaire de Paris 8, est venu dire son poème devant l’assistance, d’une façon impromptue qui lui aurait plu.
Je lui ai demandé son texte. Nous l’offrons ensemble ici en dernier hommage à Georges Lapassade.
Le jeune vieux
Attentat verbal pour un jeune vieux pas banal
Qui a fermé en juillet la dernière page de son journal
Il est né dans le Béarn, bien connu pour ses cités
Un lieu où les Rappeurs ont des casquettes en velours côtelés
C’est un fils de paysan qui est devenu instituteur
Et qui a semé à tous vents ses théories d’agitateur
Aucune barrière, son champ de connaissance est immense
Pas de jachère, la culture est permanente, de la philo aux Gnaouas, en passant par la transe
L’activiste universitaire est en mouvement perpétuel et il a ses raisons
Du Brésil à l’Italie, de St Denis à Essaouira, de la bibliothèque à la maison
Essaouira, saouira, saouira les bureaucrates à la lanterne !
Il en a fait tomber des murs et en a franchi des frontières
Il habite rue de la liberté, c’est fou ce que le hasard peut faire
L’instituteur critique l’institution, le professeur bouscule la profession
Il fait rimer pédagogie avec autogestion, identité avec fragmentation
Ethnographe, performeur, écrivain, socianalyste…
Psychosociologue, anthropologue, pédagogue et attendez je n’ai même pas fini la liste !
On peut dire qu’il était à facettes multiples et curieux de tout
Il n’était pas avare de ses mots… mais un peu de ses sous
La bibliothèque était sa deuxième maison, c’était un lecteur assidu
Assis du côté des périodiques, toujours à la même table près du présentoir revues
Il venait en chaussons, il n’avait qu’à traverser la rue
La rue de la liberté, c’est fou ce que le hasard fait parfois
Le vieux Lapassade nous a quittés, le jeune Georges lui est toujours là
Paris 8 et son fameux esprit Vincennes,
utopie soixante-huitarde que sarko juge obscène
idée d’une certaine France, qu’on nous laisse en héritage
Esprit Vincennes, réveille-toi ! Ils sont devenus sages
SALGOSS, 13 11 2008