par René Barbier (9 mai 2010)
Peut-on approcher le Vide en toute lucidité, un Vide sans œillères en quelque sorte ? Aujourd’hui tant de livres et de revues nous donnent à voir un Vide d’épanouissement, de bonheur parfait. C’est le règne de la Joie sans discussion. Les éditeurs de spiritualité s’en donnent à cœur joie et se frottent les mains. Il est de mauvais ton de n’être pas joyeux, de ne pas arborer un sourire de Bouddha. Certes, on reconnaît que la politique n’est guère un objet de réjouissance. Elle devient vite comme la religion officielle, une carcasse sans vie. Les autres institutions qui naguère nous faisaient jouir, la démocratie, la patrie, la science, l’humanité, le sport, le sexe, se dénouent peu à eu comme une pelote de laine dont on aurait tiré le fil d’Ariane jusqu’au bout.
Il ne reste que l’Homme debout, devant son ombre.
Un homme qui dévisage sa silhouette dans le miroir et qui se sent, tout à coup, surchargé d’un poids trop lourd pour ses frêles épaules : celui ne de rien savoir, de ne rien pouvoir, de ne rien vouloir, mais d’être malgré tout, responsable de tout. Il tombe dans « la fatigue d’être soi » (Alain Erhenberg, 1998) et ne se relève pas. Car, si la « lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil » (René Char), avant d’être ensoleillée, elle est meurtrissure de l’être même.
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